Y a-t-il un marché européen de l’essence ?
Analyse des différences avec le marché de l’électricité et explication des écarts de prix entre pays
1. Pas de marché unique de l’essence en Europe
Contrairement à l’électricité, il n’existe pas de marché européen unifié du carburant. L’essence et le diesel ne sont pas négociés sur une plateforme européenne centralisée, mais achetés via des marchés mondiaux ou régionaux (Rotterdam, Méditerranée, etc.).
Chaque pays européen gère ses propres achats, stocks stratégiques, raffineries et fiscalité. Il n’y a donc ni prix harmonisé, ni régulation commune à l’échelle de l’Union européenne pour les carburants routiers.
2. Le marché de l’électricité : un système européen
À l’inverse, le marché de l’électricité est interconnecté à l’échelle européenne. L’électricité est achetée et vendue sur des bourses comme EPEX Spot ou Nord Pool, et les réseaux sont coordonnés entre pays grâce à des infrastructures de transport (RTE, ENTSO-E…)
Ce marché unique de l’électricité permet une certaine convergence des prix (même s’ils restent variables) et facilite les échanges transfrontaliers.
3. Pourquoi le prix de l’essence varie d’un pays à l’autre ?
Les écarts de prix s’expliquent surtout par trois facteurs :
- Les taxes nationales : elles représentent jusqu’à 60% du prix en France, contre 30 à 40% ailleurs.
- Les coûts logistiques : proximité d’un port pétrolier, existence de raffineries, coûts de transport interne.
- Les politiques gouvernementales : certains pays subventionnent leur carburant, d’autres le taxent pour des raisons écologiques.
Par exemple, l’Espagne applique une fiscalité plus légère que la France, ce qui rend le litre d’essence 20 à 30 centimes moins cher en moyenne.
4. Existe-t-il une harmonisation européenne ?
L’Union européenne impose quelques règles communes :
- Normes environnementales (qualité du carburant, émissions CO₂)
- Accès au marché libre du pétrole et à la libre circulation des produits pétroliers
- Obligations de stockage stratégique en cas de crise
Mais chaque pays reste libre de fixer ses propres taxes et prix de vente. Résultat : un litre peut coûter 1,30 € en Pologne et 2,10 € aux Pays-Bas.
5. Conséquences pour les consommateurs français
En l’absence de marché unique, les Français ne bénéficient pas de prix négociés à l’échelle européenne. Ils subissent :
- La forte taxation française (TICPE + TVA)
- La dépendance au raffinage extérieur
- Une faible marge de négociation sur le pétrole brut
Résultat : même avec l’euro et le marché commun, le prix à la pompe n’est ni harmonisé ni régulé à l’échelle européenne.
6. Vers une évolution ?
Certains économistes estiment qu’un marché commun européen du carburant pourrait émerger à long terme, notamment pour :
- Renforcer la négociation collective face aux pays producteurs
- Éviter les distorsions de concurrence entre transporteurs routiers
- Rendre les politiques écologiques plus cohérentes entre États membres
Mais tant que les taxes restent nationales, aucune convergence tarifaire réelle n’est envisageable.
7. Conclusion : un marché encore très national
Contrairement à l’électricité, l’essence reste un produit géré au niveau national en Europe. Les taxes, les coûts logistiques et les choix politiques expliquent les fortes différences de prix entre pays membres.
Pour les automobilistes français, cela signifie que les prix resteront élevés tant que la fiscalité n’évolue pas, même si leurs voisins paient parfois 30 à 50 centimes de moins par litre.